dans le cadre de l’appel à la grève depuis le 5 décembre
À l’issue de la réunion entre le Premier ministre et les organisations syndicales et patronales, FO constate que le gouvernement maintient sa volonté d’imposer un régime de retraite unique par points, avec un projet de loi sans doute d’ores et déjà écrit puisque devant être transmis au Conseil d’État pour présentation en Conseil des ministres dès le 22 janvier. Le gouvernement confirme dans le même temps la mise en place d’un âge d’équilibre à 64 ans dès 2022.
Il n’y a
donc aucune évolution essentielle, les seuls espaces de discussions
proposés par le gouvernement concernent des dispositions (pénibilité,
aménagement des fins de carrière et retraite progressive, emploi des
séniors) qui n’ont pas de lien avec la contre-réforme du régime unique
par points. Mais ces discussions sont elles mêmes d’ores et déjà
contraintes, le gouvernement, en réponse par avance au patronat,
excluant de revenir sur les critères de pénibilité, ou écartant d’emblée
une augmentation de cotisations qui, selon le COR (Conseil
d’orientations des retraites), permettrait de maintenir l’équilibre du
système de retraites.
FO réaffirme sa volonté de préserver et défendre le système actuel de
retraite et ses régimes. FO a déposé en ce sens des revendications
précises au gouvernement portant sur l’emploi des jeunes, l’égalité
salariale Femme-Homme, la lutte contre la précarité et les bas salaires,
…
Dans ces conditions FO a fait part de sa détermination intacte :
« nous sommes déterminés, tout autant déterminés. La mobilisation pour
FO elle est maintenue, elle sera maintenue. Et, nous avons d’ores et
déjà appelés à ce que l’ensemble des salariés puissent manifester le
soutien à la grève qui a été lancée depuis le 5 décembre, le 9 janvier à
travers une nouvelle journée à l’initiative de l’intersyndicale de
rassemblement de l’ensemble des salariés, femmes, hommes, jeunes, moins
jeunes, de tous corps de métiers, public et privé ».
Pour FO le projet de régime unique par points doit être retiré et la
déclaration de sa commission exécutive le 18 décembre, appelant à
organiser les assemblées générales et réunions de salariés dans le cadre
de l’appel à la grève lancé le 5 décembre, est pleinement d’actualité.
Le 18 décembre nos organisations syndicales ont été reçues au ministère des transports par l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) chargée par le Premier ministre d’étudier la possibilité de conserver la CRPN dans le cadre de la future réforme des retraites (régime universel). Il s’agissait d’un ultime rendez-vous au cours duquel le gouvernement devait répondre à nos demandes.
L’HEURE EST GRAVE.
Aucune garantie ne nous a été apportée et le gouvernement déroule son projet comme si nous n’existions pas. Il semble impossible de faire aboutir nos revendications par la concertation. L’avenir même de notre CRPN n’est plus assuré ! Le risque étant de faire basculer notre régime autonome et autofinancé dans le régime universel avec comme conséquence principale une baisse de 40% de nos pensions et un temps de travail allongé.
LE MOMENT EST VENU, AUX CÔTÉS DE NOS COLLÈGUES PILOTES, D’ENGAGER LE RAPPORT DE FORCE POUR GARANTIR DANS LA LOI LE MAINTIEN DE NOTRE CRPN
Cette revendication est primordiale et nous permettra ensuite de négocier les spécificités PNC à savoir :
Un âge de départ anticipé
Le maintien du TA et du TAF retraite
Le maintien de la majoration de pension
Le maintien du fonds d’assurance des pertes de licence définitive
Le maintien de la retraite anticipée pour inaptitude totale
Le maintien de la pension talon, (pension minimum)
Nous avons d’ores et déjà un rendez-vous avec le gouvernement le 23 décembre. Sans un retour positif à nos demandes, nous maintiendrons notre préavis de grève et nous rentrerons dans un conflit dur et long.
Cette mobilisation se doit d’être historique par son ampleur. Elle concerne un élément essentiel de notre statut de personnel navigant, la reconnaissance de la pénibilité de notre métier loin des clichés véhiculés sur notre profession par des décideurs qui veulent lisser par le bas l’ensemble des salariés français.
Cet appel à la grève concerne donc l’ensemble des PNC de droit français des compagnies aériennes présentes sur le territoire. À ce titre, nous demandons à l’ensemble des syndicats PNC présents de se joindre au mouvement pour défendre notre régime de retraite.
TOUS EN GRÈVE POUR NOTRE FUTUR LES 3, 4, 5 et 6 JANVIER
Les organisations syndicales constatent que le gouvernement s’obstine sur son projet de régime unique à points et ne veut pas prendre la mesure de la mobilisation exprimée par les salariés en grève.
Au contraire, les annonces d’Édouard Philippe confirment que le projet du gouvernement conduirait à un recul des droits par la baisse programmée des pensions de tous les salariés du privé comme du public et l’obligation de travailler plus longtemps.
Il confirme en particulier le maintien d’un âge pivot à 64 ans obligeant à reculer son âge de départ. Ce sont en particulier les jeunes générations qui en subiront pleinement les conséquences, ayant les plus grandes difficultés à se constituer un droit à la retraite dans une société de chômage et de précarité !
Aucune prise en compte des propositions des organisations syndicales, qui appellent à renoncer à un tel projet pour ouvrir des négociations immédiates pour améliorer le système par répartition actuel.
Plus que jamais, les organisations syndicales réaffirment leur appel à renforcer la mobilisation par la grève et sa reconduction quand tes salariés le décident et par les manifestations notamment les 12 et 17 décembre prochains.
Soyons encore plus nombreux dans tous les secteurs professionnels pour gagner.
Les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, MNL, UNEF et UNL constatent que le mouvement contre le projet de réforme des retraites s’est inscrit depuis le 5 décembre dans la durée avec notamment des reconductions importantes de grève et avec l’entrée de nouveaux secteurs professionnels dans les actions de grève, de débrayages et de mobilisation.
La journée du 10 décembre a été un nouveau temps fort de cette mobilisation avec de nouveaux salarié-es du privé et davantage de jeunes.
L’opinion publique ne se laisse ni abuser par les opérations médiatiques du Gouvernement, ni par les tentatives d’opposer les uns aux autres. Les organisations syndicales dénoncent toutes entraves au droit de grève et de manifestation plus particulièrement envers les jeunes.
La synthèse des concertations rendue publique lundi n’a pas apporté d’éléments nouveaux depuis le mois de juillet. Les organisations syndicales pointent la responsabilité du gouvernement sur la situation sociale. C’est pourquoi, elles attendent que lors de sa prise de parole, le premier Ministre tienne compte du rejet massif exprimé par les mobilisations du projet de régime universel à point et retire ce dernier. Elles confirment leur appel à l’ouverture de réelles négociations sans préalable sur la base des propositions des organisations syndicales pour le renforcement et l’amélioration du système actuel par répartition, solidaire et intergénérationnel.
Les organisations CGT, F0, FSU, Solidaires, MNL, UNEF et UNL appellent l’ensemble du monde du travail et la jeunesse à poursuivre et renforcer la grève y compris reconductible là où les salarié-es le décident.
Elles appellent à organiser des actions de grève et de manifestations localement le 12 décembre, puis le week-end, et de faire du 17 décembre une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grèves et de manifestations.
RATP, transports routiers, SNCF, Air France, banques et assurances, EDF-GDF, Chimie, Action Sociale, Éducation nationale, Services publics territoriaux, Santé, Sécurité sociale, Pôle Emploi, Mutualité… la grève est massive, d’une ampleur inédite !
Cette lame de fond déferle dans tous les secteurs avec une même volonté : faire reculer le gouvernement, obtenir le retrait de la réforme Macron-Delevoye, pour gagner sur toutes les revendications.
Le ministre Blanquer peut affirmer « que certains sont en grève parce qu’ils ne comprennent pas tout », les personnels sont dans l’immense majorité en grève parce qu’ils n’en peuvent plus, ils ne veulent plus de ces réformes destructrices.
Le 6, on continue !
La grève est massive, parce que les personnels s’en sont emparés. Dans les AG, dans les réunions syndicales, la grève leur appartient. Ils disent : « Pas de question de nous faire avoir, de retomber dans le piège des journées d’action saute-mouton. Notre force, c’est d’agir ensemble, sans nous laisser détourner de notre objectif: le retrait du projet Macron-Delevoye ! »
D’ores et déjà des milliers de personnels réunis en AG ont décidé de reconduire la grève dès le 6 décembre :
Toulouse : 258 en AG sur 300 reconduisent la grève jusqu’à mardi inclus.
Angers : 178 en AG reconduisent la grève (35 abstentions).
Sarcelles : 83 personnels sur 100 votent la reconduction de la grève.
Haute Loire : les 4 AG de secteur dans le premier degré avec FO et le SNUIPP votent la reconduction. 130 écoles seront en grève jusqu’à lundi soir. Les deux lycées du Puy en Velay votent la reconduction.
Nantes : 25 000 manifestants.
Dordogne : la reconduction est votée dans le second degré.
Paris : dans les AG d’arrondissements, des centaines de professeur des écoles reconduisent vendredi…
Dans des centaines d’établissements, d’écoles et de services la reconduction sera majoritaire vendredi 6 décembre, comme à la RATP et dans de nombreux secteurs.
La FNEC FP-FO appelle les personnels à se réunir dès ce soir ou dès demain matin, dans les AG de villes, les AG de secteurs, dans les établissements et les services, pour décider la reconduction. Elle appelle les grévistes à désigner les comités de grève associant les grévistes syndiqués et non-syndiqués, les syndicats, et se réunissant tous les jours pour organiser la grève jusqu’au retrait.
La FNEC FP-FO condamne avec la plus grande fermeté la répression gouvernementale à l’encontre des jeunes qui veulent en finir avec la précarité.
Le gouvernement est très fébrile, il faut battre le fer tant qu’il est chaud.
à Montreuil, le 5 décembre 2019
Fédération Nationale de l’Enseignement de la Culture et de la Formation Professionnelle Force Ouvrière (FNEC FP FO) 6/8 Rue Gaston Lauriau – 93513 – Montreuil Cedex 01 56 93 22 22 – fnecfp at fo-fnecfp.fr
Des dizaines de milliers de manifestants dans de nombreuses villes de France, plus de 800 000 au total, selon les seuls chiffres du ministère de l’Intérieur. Nous sommes sûrement au-delà !
La mobilisation dans les manifestations est d’une ampleur rare, inédite depuis 2010 et 1995.
Elle s’inscrit surtout dans une mobilisation exceptionnelle par la grève. Exceptionnelle ou très importante dans l’éducation nationale, aux finances – malgré déjà plusieurs journées de grèves – à Pôle emploi, dans le secteur public de l’énergie, dans les raffineries, les transports urbains, les voies navigables, la sécurité sociale, les services publics hospitaliers et territoriaux … elle a touché de nombreuses entreprises du secteur privé, y compris des PME, dans la grande distribution, le transport aérien, la distribution pharmaceutique, la métallurgie, la production automobile et les équipementiers, le secteur alimentaire, la chimie… Elle est déjà reconduite à la SNCF, à la RATP et d’autres secteurs.
Ces manifestations d’une ampleur exceptionnelle démontrent une adhésion générale des salariés, opposition portée par les syndicats et FO en particulier depuis des mois : nous ne voulons pas du régime unique par points qui, immanquablement, conduirait à une baisse des pensions et un recul de l’âge de départ à la retraite.
Le gouvernement doit entendre la détermination affichée en nombre et dans le calme !
FO salue la mobilisation de l‘ensemble de ses syndicats, unions départementales et fédérations, celles des militants, qui ont su convaincre les salariés.
FO avait alerté dès le mois d’août : sur les retraites, s’il faut aller à la grève, FO y est prête. Elle confirme aujourd’hui la nécessité de renforcer et élargir cette mobilisation.
Partout en France, des assemblées générales se réunissent, ce soir, demain, pour décider de la suite du mouvement. De nombreux appels à reconduire la grève dès ce vendredi, ce weekend et lundi ont été pris.
Des appels à manifester dans le cadre du mouvement de grève sont annoncés dans certains départements pour demain vendredi.
FO accueille demain matin l’intersyndicale qui réunit la CGT, FSU, Solidaires mais aussi les organisations de jeunesse, UNEF et UNL. La participation de la CFE-CGC s’inscrit dans une dynamique d’élargissement de la mobilisation.
Une nouvelle fois, FO appelle le gouvernement à l’ouverture de négociations sans préalable. Le projet de régime unique par point est largement rejeté. On peut et doit préserver et améliorer le système actuel et ses régimes.
La dynamique est là, continuons !
Paris, le 5 décembre 2019
Communiqué de presse de la Confédération Générale du Travail Force Ouvrière
D’après de gouvernement, la réforme des retraites sera favorable aux parents et aux femmes, info ou intox ?
Système actuel
4 trimestres accordés à la mère pour la naissance d’un enfant avant 2004 (2 trimestres pour les enfants nés après 2004) Majoration de 10% pour chaque parent à partir du 3ème enfant (+5% pour les suivants)
Système par points
Suppression des trimestres accordés par enfant Majoration de 5% par enfant dès le premier enfant, à répartir entre les parents (par défaut à la mère)
• Avec la retraite par points, une femme avec deux enfants devra travailler jusqu’à 1 an de plus (8 trimestre perdus) pour avoir une retraite à taux plein. • La majoration de 5% dès le premier enfant (2,5% par parent) est très très loin de compenser la diminution de pension qu’entraîne le passage à la retraite par points (voir fiches par corps professionnel). • Avec des enfants, la retraite par points, c’est travailler plus longtemps pour toujours moins de retraite
Clause du grand-père
De quoi parle-t-on ?
Pour tenter d’apaiser les tentions suite à l’annonce de la grève à compter du 5 décembre, le gouvernement a laissé entendre qu’il pourrait n’appliquer la réforme des retraites qu’aux nouveaux embauchés. Les salariés et agents actuels continueraient donc de bénéficier du régime de retraite dont ils relèvent. C’est cette clause d’antériorité que l’on appelle “clause du grand-père”.
Une clause qui table sur l’égoïsme des salariés et agents vis-à-vis des générations futures. Des générations futures qui ne manqueraient pas de venir solliciter financièrement la génération “grand père” pour survivre dans un monde aux garanties sociales dégradées.
Comment s’applique-t-elle ?
À ce stade rien n’a été dit mais il est peu probable que cette clause s’applique à tout le monde. Elle va probablement servir de “joker” face aux secteurs les plus mobilisés à compter du 5 décembre 2019.
Est-ce crédible ?
La clause du “grand-père” revient à appliquer la réforme des retraites dans 43 ans alors que personne n’est capable de prédire l’économie à 6 mois ou 1 an…
Qui pouvait prédire en 1977 la crise de 2008, les 35 heures ou l’impact du numérique sur l’économie ?
La clause du “grand-père” est donc une intox !
14% du PIB
De quoi parle-t-on?
Les dépenses de retraite devront rester en dessous de 14% du PIB. Cela signifie que les pensions versées seront conditionnées à la situation économique du pays.
Les retraites représentent aujourd’hui 13% du PIB.
Concrètement, quels seront les effets d’une telle règle ?
À ce stade rien n’a été dit mais il est peu probable que cette clause s’applique à tout le monde. Elle va probablement servir de “joker” face aux secteurs les plus mobilisés à compter du 5 décembre 2019.
N’est-ce pas une règle de bon sens ?
Tentons d’avoir une vision globale. Un système de retraite s’inscrit par nature sur le temps long. Il gère 3 voire 4 générations de travailleurs avec tous les aléas qu’un pays peut connaitre sur une telle période. Défi environnemental, développement du numérique, intelligence artificielle, etc. Qui peut prédire de quoi sera fait l’économie dans ne serait-ce que 15 ans ?
Si un système de retraite ne peut pas être éternellement en déficit, il est tout aussi absurde de vouloir le gérer comme un compte courant. D’autres choix sont par contre possibles, comme le démontrent les 20 milliards d’euros dégagés pour le CICE.
Alors que tout le monde s’accorde pour dénoncer la fameuse règle des “3%” concernant le déficit public en général, on introduirait une règle identique pour les retraites…
14% du PIB, pour quoi faire alors ?
C’est la garantie pour les employeurs et le secteur financier qu’en cas de difficulté économique ils ne seront pas mis à contribution. Les seuls perdants seront les retraités.
La retraite par points, c’est payer plus et c’est travailler plus, pour banquer à tous les coups.
• DÉFENSE ET MAINTIEN DE TOUS LES RÉGIMES DE RETRAITE • RETRAIT DU PLAN MACRON-DELEVOYE • RETOUR À UNE RETRAITE À TAUX PLEIN À 60 ANS
Les unions régionales Île-de-France (URIF) CGT FO FSU Solidaires réaffirment leur rejet du plan Macron-Delevoye sur les retraites, publié jeudi 18 juillet dernier, qui supprimerait les 42 régimes existants pour instaurer un «système universel de retraite par points».
Avec ce système universel par points, le montant de la retraite serait calculé selon le nombre de points acquis sur toute la carrière, multiplié par la valeur de service du point en vigueur au moment de calculer la retraite : il en découle que le calcul sur la totalité de la carrière, et non plus sur les meilleures années, entraînerait une baisse drastique du montant des retraites et imposerait aux salariés – qu’ils soient du secteur privé ou de la fonction publique – de travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite leur permettant de vivre.
En outre, la valeur du point serait révisable chaque année, par le gouvernement, en fonction d’une estimation de l’espérance de vie, de la conjoncture économique, de la situation financière du système… Il en serait de même pour tous les paramètres d’ouverture des droits et les dispositifs de solidarité. En clair, le niveau des retraites n’est plus garanti : lorsque la situation économique se dégrade, le niveau des pensions baisse.
Par ailleurs, le projet ne ferait qu’aggraver les inégalités entre hommes et femmes du fait des carrières morcelées pour de nombreuses femmes (congés maternités, temps partiels subis, etc…) et de la suppression de certains droits dus à la naissance d’enfants.
Pour ces raisons, les URIF exigent le retrait du plan Macron-Delevoye, le maintien des 42 régimes existants et le retour à la retraite à taux plein à 60 ans.
Dans une période de fortes mobilisations et d’appels à la grève dans de nombreuses entreprises (RATP, SNCF, transports, EDF, fonction publique, industries chimiques, métallurgie…), les URIF appellent les salariés à s’engager massivement dans la grève à compter du 5 décembre et à tenir des assemblées générales pour reconduire le mouvement.
(1) SYSTÈME UNIVERSEL = BAISSE DU MONTANT DES PENSIONS
• Aujourd’hui, les retraites en France pèsent environ 325 milliards € (tous régimes confondus), soit à peu près 14 % du produit intérieur brut (PIB).
• Demain, le gouvernement voudrait réduire ce volume, dans un premier temps, à 12 % du PIB : c’est le but assigné au «système universel». En volume, cela correspondrait à une baisse moyenne du montant des pensions de 15 %. A ce titre, le rapport Delevoye avoue en page 90 : «Le Gouvernement pourra présenter au parlement les modifications ayant trait aux conditions d’ouverture des droits (âge légal, dispositifs de départs anticipés), ainsi qu’aux dispositifs de solidarité (périodes assimilées, droits familiaux, minimum de retraite), etc. […] il sera toujours libre de proposer tout projet de réforme ayant des coïncidences sur les équilibres financiers du système de retraite».
• Pour ce faire, le rapport appelle à mettre en place un système à «enveloppe constante» et une «règle d’or d’équilibre», dont le seul but est de permettre au gouvernement de diminuer la valeur du point – donc de baisser le montant des pensions – pour baisser la «dépense publique» (cf. encadrés).
F. Fillon devant les patrons, alors candidat à «la primaire de la droite», 10 mars 2016 (Public Sénat)
«Le système par points, en réalité, ça permet une chose qu’aucun homme politique n’avoue : ça permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points, et donc de diminuer le niveau des pensions».
(2) SYSTÈME UNIVERSEL = TRAVAIL JUSQU’À 64, 65, 66, 67 ANS… POUR TOUS
• Aujourd’hui,une salariée du secteur privé qui a deux enfants et qui a commencé à travailler à 22 ans peut partir en retraite à taux plein à 62 ans.
• Demain, avec le «système universel», un salarié devra travailler jusqu’à un âge dit «du taux plein par génération», fixé à 64 ans mais qui pourrait évoluer en fonction des «équilibres financiers du système» jusqu’à 65, 66, 67 ans… et plus ! Si cette même salariée décide de partir à 62 ans, elle subira ce qu’on appelle une «décote» de 5% par année manquante, soit une perte de 10% de sa retraite
• Les fonctionnaires relevant de la «catégorie active» (notamment les aides-soignants dans la fonction publique hospitalière ou les égoutiers dans la fonction publique territoriale) perdraient «progressivement» leurs droits à un départ anticipé. Il en serait de même pour les salariés relevant de certains régimes spéciaux (RATP, SNCF, électriciens gaziers…). Seuls les personnels en «uniforme» garderaient leurs «spécificités» (militaires, gendarmes…).
G. Darmanin, ministre de l’action et des comptes publiques, devant la commission des finances du Sénat, 15 mai 2019
«Nous avons en 2019 et 2020 des réformes qui continuent à baisser les dépenses publiques (…). Je vous rappelle que 14 points de PIB consacrés à la retraite, c’est une question de dépense publique».
(3) SYSTÈME UNIVERSEL = LES FEMMES, GRANDES PERDANTES
• Les grandes déclarations du gouvernement sur une meilleure prise en compte des femmes sont contradictoires avec les mesures du plan Macron-Delevoye.
• Ce qui est en jeu, c’est la destruction des solidarités qui ont été mises en place, en n’accordant plus aucun droit aux salariés momentanément hors travail : maternité, éducation des enfants, chômage, temps partiels imposés… Cette destruction concernerait 9 femmes sur 10 !
• Prenons un autre exemple, celui des pensions de réversion : aujourd’hui, suite au décès de son ou de sa conjoint(e), l’examen du droit d’un(e) salarié(e) du secteur privé est réalisé dès l’âge de 55 ans. Pour les fonctionnaires, ce droit est ouvert sans condition d’âge. Dans nombre de régimes spéciaux, ce droit est également ouvert avant 55 ans.
• Demain, avec le «système universel», toute pension de réversion ne pourra être versée qu’à compter de 62 ans : le gouvernement ferait donc un gain substantiel en économisant au minimum 7 ans de versement de pension de réversion. Quand on sait qu’en 2018, 4,4 millions de personnes ont perçu une pension de réversion et qu’un quart d’entre elles – soit 1,1 million de personnes, dont 96 % de femmes – ne disposent pas d’autres revenus pour vivre, on ne peut qu’être indigné par les déclarations d’Emmanuel Macron et Jean-Paul Delevoye qui affirment que le «système universel» serait «plus juste». Le combat pour l’égalité des retraites entre les femmes et les hommes, de même que le combat pour l’égalité salariale, porte un nom : cela s’appelle la solidarité !
RETRAITE PAR POINTS : L’EXEMPLE DE LA SUÈDE
Un système de retraites par points a été mis en place en Suède en 1998, remplaçant l’ancien système bâti à partir du calcul sur les 15 meilleures années.
Ce «modèle suédois» est mis en avant par le gouvernement pour accréditer son «système universel». Avec quels résultats ?
Réponse d’Alain Lefebvre, spécialiste des retraites des pays nordiques, dans une interview à Libération (12 octobre) : «Malgré les mécanismes de compensation mis en place et qui seront au cœur des discussions en France, il y a donc eu beaucoup de perdants en Suède. Une étude parue en mars 2017 a montré que 92% des Suédoises auraient eu des retraites supérieures dans l’ancien système et 72 % des hommes.»
(4) SYSTÈME UNIVERSEL = LES JEUNES, PREMIERS SACRIFIÉS
• Les jeunes qui commencent à travailler ou qui vont bientôt travailler seront ceux qui vont être pleinement touchés par la réforme des retraites.
Avec la comptabilisation de l’ensemble du temps de travail dans le calcul de la retraite, les étudiants salariés, les jeunes en insertion et les jeunes précaires verront leur pension diminuer. L’âge du premier emploi stable étant situé entre 28 et 29 ans, l’enchainement des boulots précaires, des jobs étudiants et des périodes de chômage vont réduire nos montants de cotisation alors que le système actuel prend en compte les 25 meilleures années pour les salariés du privé et les 6 derniers mois travaillés pour les salariés du public.
En plus d’être une variable d’ajustement sur le marché du travail, les jeunes verront leur pension diminuée parfois à moins de 50% de leur salaire !
(5) SYSTÈME UNIVERSEL = “JE N’ADORE PAS LE MOT PÉNIBILITÉ” … (E. MACRON)
À l’occasion de la première consultation citoyenne à Rodez, le chef de l’Etat a déclaré : «je n’adore pas le mot pénibilité car ça donne le sentiment que le travail serait pénible.» E. Macron confirme qu’il est bien déconnecté des réalités du travail. Rappelons que, selon l’INSEE, l’espérance de vie d’un ouvrier en France est de 77 ans, soit 5 ans de moins que l’espérance de vie moyenne. Et c’est bien l’usure au travail et sa pénibilité qui explique cet écart, c’est la «double peine» des ouvriers : travail pénible et vie courte.
Les régimes spéciaux, les «catégories actives» de la fonction publique, ainsi que les «carrières longues» tiennent compte de cette pénibilité : or, c’est précisément ces dispositifs que le plan Macron-Delevoye veut détruire, au prétexte qu’ils coûtent trop chers.
NOS RETRAITES, ELLES SONT À NOUS ! ON S’EST BATTU POUR LES GAGNER, ON SE BATTRA POUR LES GARDER !
Les financements existent pourtant pour faire vivre et améliorer durablement les régimes existants, car c’est bien notre travail qui créé les richesses, et elles ont été multipliées par 4 en 30 ans !
Dans un rapport sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) publié le 8 octobre dernier, la Cour des comptes constate le coût faramineux des «cadeaux» ou exonérations de cotisations sociales en France accordés aux entreprises, d’un montant de 90 milliards d’euros ! En cause, les «mesures du pacte de responsabilité mises en œuvre entre 2014 et 2017 (9 milliards d’euros) ainsi que la transformation du CICE en allègements généraux (de cotisations) en 2019 pour 18 milliards d’euros», pointe entre autres la Cour des comptes.
Les URIF ajoutent à cela :
• un million d’emplois créés, ce sont 13 milliards € pour la protection sociale
• l’augmentation des salaires de 3,5%, c’est 6,5 milliards € dégagés immédiatement pour financer les retraites
• l’égalité femmes / hommes pour tous, ce sont plus de 10 milliards € pour la sécurité sociale en 2020
• la lutte contre le travail dissimulé, c’est 6 milliards €
Sur cette base de financement, de réelles négociations pourraient s’ouvrir afin de reconnaître, par la validation de trimestres dans chacun des régimes concernés, la fatigue au travail et sa pénibilité, la difficulté des fins de carrière, les périodes d’études et de formation… Mais pour que ces négociations puissent s’ouvrir, il y a un préalable : que tous les régimes de retraite existants soient maintenus !
Pour toutes ces raisons, les URIF CGT, FO, FSU et Solidaires, avec l’UNEF et l’UNL, revendiquent :
• MAINTIEN DES RÉGIMES DE RETRAITES : RÉGIME GÉNÉRAL, RÉGIMES SPÉCIAUX, RÉGIMES COMPLÉMENTAIRES, CODE DES PENSIONS CIVILES ET MILITAIRES !
• RETOUR À LA RETRAITE À TAUX PLEIN À 60 ANS !
• TAUX DE REMPLACEMENT DE 75% DE LA RÉMUNÉRATION D’ACTIVITÉ SUR LA BASE DES 10 MEILLEURES ANNÉES DANS LE PRIVÉ ET DES 6 DERNIERS MOIS DANS LE PUBLIC !
• INDEXATION DES PENSIONS SUR LE SALAIRE MOYEN, ET NON SUR LES PRIX !
• PAS DE PENSION INFÉRIEURE AU SMIC !
• PRISE EN COMPTE DE LA PÉNIBILITÉ ET DES PÉRIODES DE FORMATION !
• AMÉNAGEMENT DES FINS DE CARRIÈRE !
• RETRAIT DU PLAN MACRON-DELEVOYE SUR LES RETRAITES !